Besoin d'un journal, ces derniers jours...

Ils sont partis. Faire les courses. Ma mère aussi est partie. Je sais pourquoi ma Flo a choisi d'accompagner papa. Je sais aussi ou est partie maman à pied, ou du moins je le pense avec une remarquable certitude.
Egarée dans son propre esprit, ma pauvre m'man refuse de s'avouer elle-même à elle-même. Sa maladie, elle ne l'a pas acceptée depuis toutes ces années. Les médocs, elle les prend au début, pour faire plaisir à mon père et au psy, mais elle s'en lasse et les abandonne, persuadée qu'elle n'en a définitivement pas besoin. Le délire doit ressembler en tout points à la réalité, maman. Je le sais, j'ai déjà atteint une sorte d'ivresse, parfois, à trop vivre sur mon écran. Mais elle, maman, elle est malade.
Pas quelque chose de grave, non. Pour reprendre les mots de mon père, elle ne peut simplement pas se freiner dans ses sentiments. Alors durant ces "crises", elle peut tout aussi bien passer d'une joie immense à la colère la plus noire en passant par la déprime profonde.
Et souvent, très très souvent, elle reste prisonnière du délire.
Hier, c'était les champignons, des champignons des routes crasseux et mal en point. Pas de soupe avec, maman, fallait se résigner. Mais elle a fait peur à ma Flo et ma Flo a pleuré. Je ne trouve pas cela normal qu'elle ai été obligé de prendre ce sédatif, maman. Pas normal du tout.
Papa fait de son mieux et l'agent Viviane est chargée de la protection de Flo.
Parce que je suis un mur de glace au coeur de fer, parce que j'ai fini par me résigner, au contraire de ma soeur.
Un an de différence. Mais j'ai des fois l'impression de devoir être adulte, quand ma mère ne l'est plus.
On me reproche "en temp normal" de ne pas asser sourire, voir ma famille et descendre de ma tour d'ivoire, de la mezzanine ou se trouve ce cher tas de puces.
Et voilà que, sans sentiments, je deviens utile à mon père et ma soeur.
Il ne reste qu'en moi la repartie et c'est là que ça gène.
Parce que ma mère, je lui répond avec toute la logique froide que j'ai et qu'elle ne comprend pas et continue son speach. Ce n'est pas de sa faute ni de la mienne mais je ne me sent pas prête à "laisser faire" comme dit mon père.
Parce que j'ai trop souvent envie dans la vie de parler en toute franchise et que je le fait trop souvent, là, je ne sais pas m'arrêter et maman s'énerve.
Suite des évènement plus tard. Maman est partie, direction la mairie du bled ou les champignons, papa et Flo sont en train de faire les courses. Et moi, je parles et j'écrit à cet ordi mieux qu'à quiconque parce que je ne connais personne d'ici in real life.
Comme quoi, ça aide, parfois, la vie informatique qui crève quand la lifebox est en panne.

*Sépakoidir, comdab*

Sonnerie téléphone. Répondre. Le père d'un ami. Maman? Il ne parle pas d'elle mais demande seulement papa. Le même bled que nous, 3 kilomètres plus loin dans la cambrousse. L'agent Viviane avait raison, you know. Bon, papa rentre. Téléphoner. Numéro pas bon. Pages jaunes. Sur l'ordi, évidemment, vive la famille informatique. On rappelle. Oui, c'est bien maman. Trop facile à deviner. Le samu, papa avait appellé le samu. Je descende, pause dans la rédaction.

Reprise. Bon. Le père de l'ami déjà cité semble inquiet. Normal, ma mère est inquiètante. Papa devient technique, pompier inside.
Il va aller la chercher, ou c'est du moins ce que j'ai cru comprendre. pas restée longtemps en bas, je veux pas faire l'indiscrète -ironie, je raconte tout ici...-. Ca va s'arranger, (papa à l'autre). Il va aller la chercher. Après, y'aura une dispute et elle va se barrer à nouveau. Agaçant de répètition. Et pourquoi moi, j'arrive à être si froide, si neutre alors que tout s'écroule encore?
Parce que ça fait au moins la cinquième fois depuis ma naissance. Voir plus, je ne suis pas sordide au point de compter ça.
Mon père parti, la porte claque et la voiture vrombit.
Journal presque minute pour minute du chaos qui se déverse à nouveau chez nous. Je pars réconforter Flo, je vais voir ce qu'il est d'elle.

je suis là zyloune si tu veux parler (passke ça sert aps a grand chose de pleurer toute seule, ou de ne pas pleurer justement -grrr tais toi yllo)

(pour l apause instructive, ça me rappelle drolement le tome 2 de "a la croisée des mondes" de philip pullmann, mais je ne veux pas que tu t'évanouisses dans la nature en passant par un trou dans l'air rassure toi)

mais ça dépend, des fois c'est bon les champignons....y a des lutins dessous parfois aussi

Justement, je fait que ça, je parle.
Le plus incompréhensible, c'est que j'arrive plus à être triste. Même pas une larme. Rien. Juste de la lassitude.

J'ai eu mon père au téléphon, mes parents reviennent.
Flo semble s'inquièter.

*no comment and totaly compatissing*

Zyl a écrit:

Justement, je fait que ça, je parle.
Le plus incompréhensible, c'est que j'arrive plus à être triste. Même pas une larme. Rien. Juste de la lassitude.

ça veut ren dire ça quand mon arrière grand mère est morte j'ai fondu en larmes 3 semaines après en repensatn a l'enterrement --" et encore j'ai pas pleuré longtemps, et j'avais pas l'impression d'etre triste. comme les gens qui tombent bizarrement autour de moi.pendant 3moi,s 3enterrements, c'est gai jpeux te dire. alors on s'en lasse, mais c'est pas pour autant qu'on a pas de coeur ou quoi que ce soit d'autre, je pense que c'est normal

bon, je continuerais mon laius demain ^^" bonne nuit quand meme ta mère emmergera des champignons, ne t'inquiète pas.

Je sais...
Je suis habituée...
Merci à vous, en tout cas...

J'aurai voulut faire quelque chose là, dire quelque chose, n'importe quoi, mais, j'ai jamais rien connut comme enterrement ou alors très jeune, alors je connais pas vraiment ce sentiment, mais j'aimerai quand même remonter le moral...

À défault de pouvoir faire autre chose, je compatis, parce que c'est malheureusement tout se que j'ai à offrir : quelques mots et ma plus sincère compréhension. Quand je dis comprendre c'est vague bien sûr, sauf je crois que la majorité d'entre nous a déjà vécu des moments difficils et déjà que tu en parle c'est un bon début...Alors reste forte, nous serons là pour toi...(j'crois pouvoir parler ainsi au nom de tout le monde présent sur se forum qui sont en général aussi compréhensif)

(ok j'ai eu une grosse journée : j'me tait -_-)

C'est très touchant Zyl ... Ca doit te faire du bien de parler ...
Bonne chance ! On est de tt coeur avec toi !!

Merci à vous toutes...

Ou j'en suis? Ou j'en suis maintenant?
Maman est depuis hier internée. On attend encore le verdict du psychiatre. Flo ne rit pas, moi non plus, d'ailleurs. Il pleut à en faire fondre le goudron gris et imparfait de mon bled. Partie me faire couper les cheveux, un rendez-vous pris la semaine dernière à peine par ma mère.
Maman, t'es ou? Faut que tu reviennes...et que tu finisse par t'accepter et prendre ces saletés de médocs, parce que les médocs, c'est sensé t'empêcher de faire ça. De sombrer. "Efficacité nulle", maman, je sais, mais tu sais que si tu les prends pas, c'est normal?
Pas une humeur bavarde aujourd'hui. Mr. J, fils du type qui a appelé mon père, ne doit pas être au courant, il était tard et il n'en a pas parlé de la matinée. Paraitrait que sa mère a beaucoup aidé mon père. Possible.
Moi, je note toujours le chaos ambiant et je vous fait part de l'état des choses...

Je ne sais pas quoi en dire, je ne trouve aucun mot approprié. Je me contenterai, comme tous, de te soutenir. Et d'apprécier tes textes, au dela de l'histoire, d'un point de vue de l'écriture