Routine morose d'une fille froide (texte)

La sonnerie retentit et une vague de libération envahit la salle où régnait un lourd silence pensant. Tout le monde plia ses affaires sous les yeux du pauvre homme abasourdi de voir les mollusques d’il y avait quelques secondes se transformer en véritables puces surexcités à l’idée de quitter cette pièce à la chaleur écrasante. Il soupira. Même pas s’il avait eu le temps de donner les devoirs, ils étaient tous sortis en un coup de vent. Sauf certains. Et dans ces « certains », il y avait moi. Comme d’habitude au fait. Je n’étais pas lente. J’avais juste pas envie. Alors je rangeais mes affaires lentement. Stylos après stylos. Je vérifiais que j’avais tous mes cahiers même s’il n’y avait aucune raison que j’en aies perdu un. De toutes façons, le cadavre assit à son bureau n’avait pas de cours après. Il pouvait bien rester un peu plus longtemps. Moi, personne ne m’attendait dehors. Pourquoi je me serais bougé ? Puis là, c’était l’échange quotidien :
- Tu rentres à pied aujourd’hui ? Lançai-je à mon meilleur ami.
- Oui, comme d’hab. Et toi ?
- Idem.
Nous relevons nos chaises et nous sortons en passant devant le corps de notre professeur de mathématiques. Il avait toujours l’air à l’agonie, près à sombrer dans le gouffre sans fond de la mort. On le saluait rarement tout simplement parce qu’il ne nous répondait pas.
On sortait alors du collège, le sac lourd sur nos épaules. Je marchais lentement, il suivait le rythme en souriant. Ce garçon était une perle.
- T’as toujours pas envie de rentrer chez toi à ce que je vois.
- Absolument pas.
Il ne me posait jamais de question. Il constatait seulement et savait parfaitement qu’il a raison. Il me connaissait mieux que lui-même. Moi, je ne peux pas dire que je le connaissais. Il ne parlait jamais. Moi non plus d’ailleurs. C’est bien ça qui m’intriguait … Comment faisait-il pour me connaître alors qu’on ne se parlait que rarement ?
On s’arrêta à la boulangerie. Notre boulangerie. La boulangère nous accueillit avec le sourire. Comme d’habitude.
- Lucie ! Thomas ! Comment ça va ? s’écriait-elle joyeusement.
Voilà le moment qu’on redoutait tous les deux. On mit nos masques et on sourit à s’en fendre les lèvres.
- Très bien, Madame.
L’imposante femme passait devant le comptoir et nous embrassait avec maladresse. Nous grimacions. Il m’envoyait un regard de détresse quand elle l’enlaçait trop fort. Je levais les yeux au ciel quand elle faisait de même pour moi. Cette femme inspirait le cauchemar pour nous. Elle était tout l’inverse de notre monde parfait : joyeuse, souriante, pleine de vie. Nous, on voulait seulement du silence, un peu de solitude, quelques notes de musiques rock mais surtout du silence. Et des yeux. Thomas et moi pouvions passer des heures à nous regarder dans les yeux sans rien dire. Nous y lisions toutes les réponses des éventuelles questions qui nous viendraient à l’esprit.
- Vous voulez quoi les jeunes ?
Je restais silencieuse en enlevant violemment mon masque. Il était trop lourd. Thomas le gardait vaillamment. Je lui envoyai un regard froid, mon regard habituel. Mes yeux glissèrent ensuite sur un pain au chocolat l’espace de quelques minuscules secondes. J’ai pas mangé depuis près de six heures.
- Un pain au chocolat, s’il vous plaît, dit Thomas en affichant son large sourire hypocrite.
La boulangère le servit et nous sortîmes. Je lançai un regard indifférent vers le petit paquet que mon ami tient entre ses mains.
- Veinard, lâchai-je simplement.
- C’est pour toi que je l’ai pris, annonça-t-il comme si c’était évident.
Je crois que mon cœur dans une montagne russe aurait moins réagi qu’à ce moment-là. Je le regardai étonnée et il sourit. Je le fixait droit dans les yeux et je me rendis compte de la chose la plus surprenante au monde : ce n’était pas le sourire poli habituel qu’il me lançait pour faire face au mur de glace que j’étais. C’était un sourire franc et sincère qu’on m’offrait sans arrières pensés. Pas ceux des imbéciles qui me demandaient mes devoirs parce que j’étais une intello qui évidemment les avait fait.
- Tu comptes me dévisager comme ça pendant longtemps et attendre que cette pauvre viennoiserie se fossilise ou la manger d’ici qu’on arrive chez toi ?
- Manger t’éviterait d’avoir gaspiller de l’argent pour rien, dis-je en prenant le sachet en papier et en commençant à déguster le pain au chocolat.
Nous continuâmes de marcher sans dire un mot. Je mangeais et il souriait. Voilà où résidait la différence entre nos deux êtres. Il était souriant et moi, froide. Quand ses joues se crispaient sous cette expression insensé, je n’avais qu’une envie : lui coller mon poing dans la figure. Quand j’eus finis mon pain au chocolat, il se retourna vers moi et essuya ma joue avec son pouce.
- On t’a jamais appris à manger proprement ? plaisanta-t-il.
Je ne réponds pas.Vexée et décidée de ne pas répondre, je continue mon chemin en l’ignorant. Il soupira et me suivit. Nous cheminâmes quelques secondes sans rien dire, comme habituellement avec cette ambiance lourde en supplément.
- Je vais rentrer chez moi par le chemin le plus court. Nous allons donc nous quitter ici, annonça-t-il.
Je me retournai vers lui, les yeux grands ouverts.

Suite à venir
S'il reste des verbes au présent, merci de me les signaler ...

J'aime bien...

Dois-je continuer ou ça ne vous intéresse pas ??

sissisisissi !! c'est chupeur ! ("j'enlevai mon masque" ? oO pas pigé...masque virtuel ou masque a gaz, ou alors loup ? ^^")

Très triste, beau, simple et complexe...bravo, j'attend la suite ^^

Je restai à contempler les lettres s’étalant devant mes yeux. Immobile sur mon lit, je demeurai les yeux rivés sur ces mots à la présence étrange.
Soudain, ma mère ouvrit la porte. Elle me regarda d’un air inquiet. Je tournai lentement la tête vers elle.
- Tu as faim, Lucie ? me demanda-t-elle.
- Non, je ne mangerai pas ce soir, annonçai-je.
Elle grimaça et me lança un regard de plus en plus soucieux. Je resta un moment à me regarder puis dit simplement :
- Si tu as faim, il y a du gigot au frigo. Tu le mets dans le micro-ondes et il sera parfait.
Je ne répondis pas, à son grand regret. Elle referma lentement la porte. Je levai les yeux vers le plafond : il était blanc, sans aucune inscription. J’entendis derrière la porte un bruit de claquement. J’avais oublié. Mes parents sortaient ce soir-là. Ils allaient au restaurant. J’eus un léger moment de sarcasmes quand je me mis à imaginer l’entente suprême qui allait se créer entre mes parents en cette soirée. Car, qu’ils soient chez eux ou qu’ils sortent, ils se disputent. Ce soir n’allait pas faire exception et je le savais. J’étais prête à appeler le restaurant où ils se rendaient pour les prévenir et leur dirent de s’afficher complet afin d’éviter un quelconque incident. Je sortis de ma chambre et le téléphone sonna. Je déteste répondre au téléphone. Je pris le combiné et décrocha. Ça ne pouvait pas être pour moi. Personne ne m’appelait.
- Lucie, c’est moi, Thomas …
Je restai un moment silencieuse. C’était la première fois qu’il me téléphonait. Je serrai le combiné d’une force insoupçonnée. D’ailleurs, un petit craquement vint à mon oreille.
- Tu me veux quoi ? sifflai-je méchamment.
- M’excuser. Pour tout à l’heure.
Je grimaçai de dégoût. Ce mot sonnait très mal dans sa bouche.
- Ne t’excuse pas.
- Je vois que tu es aussi bavarde au téléphone qu’au collège, constata-t-il avec ironie.
- Pourquoi tu t’excuses ? Pourquoi tu fais ça alors que tu viens de refaire exactement ce pourquoi tu t’es excusé ? m’écriai-je, légèrement en colère.
Il marmonna une suite de mots incompréhensibles. Je mis fin à ses murmures d’une façon sèche et rageuse.
- Tais toi, Thomas. Je m’en contrefiche de ce que tu peux dire. Donc tais-toi. Ça vaut mieux pour toi …
Je raccrochai violemment. Je m’appuyai sur le petit meuble sur lequel était posé le téléphone en respirant difficilement. Je me mettais peu souvent en colère mais je ne montrais jamais ma rage et mon emportement. Ce débordement, quoi que minime, était pour moi très choquant. Ce que je n’avais pas du tout imaginé, c’est le fait que je m’en prenne en Thomas. Les yeux clos, je tentai de faire reprendre à ma respiration un rythme normal. Je demeurai penchée sur le combiné, retenant des larmes que je ne voulais plus voir couler de mes yeux. Je me repris en main et releva la tête. Je lançai un regard choqué vers les murs me jouxtant. Ils étaient couverts d’encre noire, remplis de longues phrases écrite à la main. Rédigée par une main invisible. Je regardai attentivement la forme des lettres et un détail me tapa à l’œil. Je pris un morceau de papier et un stylo. Je copiai les mots inscrits sur le mur et observai les deux versions du texte. J’en étais à présent sûre : c’était mon écriture. Je passai les mains sur le papier peint maculé d’encre en lisant à haute voix :
Mais que me prend-il ? Se pourrait-il que je devienne humaine après toute cette existence anormale ? Et pourquoi je reste froide et imperturbable face à ses excuses alors que je souffre plus que n’importe quel être ? Pourquoi je refuse d’avouer ma peine et mon désespoir ? Oh, je me hais … je me déteste … Thomas …

Suite à venir et en cours d'élaboration

J'adore et j'ayyend la suite avec impatience ^^

Je te mets un petit bout d'avance.

Sur ces derniers mots, l’écriture était déformée, certainement par la colère ou la tristesse. J’optai pour la colère, sachant parfaitement que c’était ce sentiment que j’eus éprouvé à ce moment. Je m’assis dans le fauteuil qui faisait face à la télévision et j’allumai le poste. Je me mis sur une chaîne musicale où passaient des clips régulièrement. Il leur était alors consacrée une catégorie romantique avec une diffusion continue de clips relatant une histoire d’amour. Je les regardai avec, visiblement, de l’indifférence mais mon niveau d’anglais était tel que je comprenais la plupart des paroles qui me faisait froid dans le dos. Une des chansons racontait l’histoire d’une fille qui s’était disputé avec son petit copain qui la laissa tomber. Elle en était folle de désespoir et ressentait envers elle une colère démesurée. Immobile, je fixais évasivement l’écran, n’écoutant que les paroles …
Don’t leave me alone …
I could kill me to be with you again …
I hate me to have hurt you …
I write all my sadness on the walls …
J’appuyai sur le bouton OFF de la télécommande. Les paroles résonnaient encore dans ma tête. Je jetai un œil sur l’heure. Il était vingt heures vingt-sept. J’étais resté longtemps devant le téléphone. Longtemps à agoniser.
Je n’avais pas faim et cette journée semblait avoir pris la décision de me faire souffrir. Autant y mettre fin. J’allai me coucher sans me mettre en pyjama après avoir jeté un coup d'oeil sur les murs de nouveau normaux. Au bout de dix minutes, je dormais déjà d’un sommeil agité.

Merci!
Continue

J'ai commencé par lire 3 fois la première partie de ton texte pour retrouver le verbe au présent qui m'avait choqué à la première lecture :

" La boulangère le servit et nous sortîmes. Je lance un regard indifférent vers le petit paquet que mon ami tient entre ses mains. "

Voualà O.o à moins que ce présent soit fait exprès hein^^

Sinon, j'attends impatiemment la suite! j'aime bien et c'est agréable à lire!

Non, il n'est pas volontaire. Merci de me l'avoir signalé !!

J'aime beaucoup, c'est beau je trouve

Suite :


J’étais arrivée plus tôt que d’habitude au collège et j’avais pris place sur un banc isolé du bruit de la cour. Je sortis un livre que je commençai à lire. Quelques minutes plus tard, Thomas arriva. Mais pas seul. Accompagné de Suzie. Suzie Ducamp. Cette fille était la race de personne que je supportais le moins au monde : têtue, se prenant pour une reine, capricieuse et surtout très proche des garçons. Quand je dis « proche », ce n’est pas seulement amicalement. De plus, elle était toujours habillée du strict minimum. Ce jour ne faisait pas exception. Elle nous avait sorti un classique du genre : minijupe et débardeur bien décolleté. Je lançai donc un regard noir à la nouvelle copine de Thomas que celui-ci ne manqua pas de remarquer. Il s’approcha de mon banc et s’assit à côté de moi. Instantanément, je me levai pour m’éloigner de lui. Mais il m’attrapa le bras et me retint avec lui. Il m’obligea à me rasseoir. Il me dévisagea tristement en tenant fermement mon bras.

- Lucie, dis moi ce qui ne va pas, dit-il doucement et gentiment.

Je lui lançai un regard meurtrier, mouillai mes lèvres d’un geste rapide de la langue et lui jeta avec arrogance :

- Oh … Rien !! A part qu’un gros con en qui je crois avoir confiance s’est foutu de moi et qu’il traîne à présent avec la pute du collège, tout va bien !

Les pages du livre que je lisais auparavant devirent blanches et une fine écriture prit place en s’inscrivant lentement.

Mais ne comprends-tu pas ? Tu es aveugle ? Sourd ? Ne sais-tu plus lire dans mes yeux ? N’as pour but que de les remplir de larmes ? Pourquoi me détestes-tu ? Pourquoi je te déteste ? Explique moi seulement ça … Juste ça et je te laisserais tranquille … Reste avec elle si tu la préfères à moi ! Je ne t’en voudrais pas !!

Thomas lut ceci, stupéfait. Il resta quelques minutes à me regarder, les yeux grands ouverts en tenant de dire quelque chose qui semblait ne pas vouloir sortir de sa bouche.

J'adore! Vivement la suite!

Idem!

- C’est quoi ça, Lucie ?
bredouilla-t-il.


Je fermai le livre et le rangeai
violemment dans mon sac. Je me levai mais il m’empêcha à nouveau de m’en aller.


- C’est quoi ça ? répéta-t-il
gentiment.


Je posai mes yeux sur lui et le fixa
intensément. Soudain, apparu ces quelques lettres sur son bras : Laisse moi. Surpris, il lâcha prise et
je pus m’enfuir alors que l’inscription disparaissait. Suzie le rejoignit et
s’assit près de lui. Je les regardai avec une discrétion qui disparut aussitôt
dans un cri étouffé quand elle lui donna la main. J’ouvris mon livre d’un geste
rapide et j’observai les pages. Elles étaient redevenues blanches et les mots
suivants se dessinèrent sous mes yeux :


Pour qui si prend-elle cette mijaurée ? Elle profite qu’il m’en
veuille pour … l’avoir pour elle ? Je vais lui démonter la tronche …
Lui faire manger tous les livres qu’elle n’a pas lu, s’il faut !! Je vais
lui faire regretter d’être née à cette traînée !!


J’esquissai un pas vers eux lorsque
l’entrée en cours sonna. Je me mis en rang en fermant mon livre que je mis sous
le bras. Thomas prit place aussi dans le rang avec Suzie. Ils parlaient
activement et souriaient.


Le zombie des mathématiques nous
emmena en classe et nous commençâmes à subir un cours long, voire interminable.
Je pris une feuille blanche et la plaçai devant moi. Je commençai alors à la
remplir d’encre. Sans approcher mes doigts de ma feuille, ni en y posant un
seul stylo, je réussis à la couvrir de multiples inscriptions à l’écriture
irréprochable et harmonieuse. Je sentis alors qu’une force semblable à la
mienne s’exerçait dans la salle de classe que je balayai rapidement du regard.
Mes yeux s’arrêtèrent sur Grégory. Grand, brun, délicatement bronzé et ayant le
don de faire fondre n’importe quelle personne faisant partie de la gente
féminine. Pourtant, je restais insensible face à cette beauté sans nom. J’étais
concentré sur l’expression de son visage. Il fixait son bureau avec une
concentration rare du commun des mortels. Je tendis le cou afin d’apercevoir ce
qu’il regardait avec tant d’intérêt et je vis alors un dessin se créer devant
lui. Sur ma feuille apparut alors un nombre infini de point
d’interrogation et d’exclamation de taille variable, allant même à prendre la
moitié de la page. Je jetai un regard étonné vers ma feuille et m’aperçut qu’il
avait tourné violemment la tête vers moi. Je fis semblant d’être affairée.


Soudain, l’intercours sonna. Grégory
se leva et se dirigea vers mon bureau. Il prit la feuille et me lança un regard
suspicieux. Je le regardai d’un air méprisant avant de cracher :


- On n’apprend pas aux garçons d’être
un minimum poli en demandant, par exemple, s’ils peuvent toucher aux affaires
des autres ?


Il plaqua la page sur le bureau,
affichant la partie blanche. Tout à coup, il apparut sur celle-ci quelques
traits indécis d’un dessin à peine commençait mais qui avançait à grande
vitesse. Sous mes yeux ébahis naissaient chaque détail de l’œuvre d’art de
quelqu’un dont je ne connais que le nom et le visage. Une œuvre d’art très
personnelle en réalité. On pouvait déjà distinguer un jeune garçon assis sur un
banc, manifestement triste. Je levai les yeux vers l’artiste et lui sourit. Les
traits du garçon du dessin changèrent alors immédiatement et ses lèvres
affichaient un large sourire heureux.


- Moi, c’est Grégory, dit-il. Et toi,
Lucie, c’est ça ?


J’hochai la tête positivement en me
disant au fond de moi-même qu’il fallait être tout de fois un peu bête pour se
présenter à quelqu’un quand ça fait trois ans quand on dans la même que cette
personne, même si on ne s’est jamais adressé la parole.


Grégory jeta un regard discret vers
la feuille et me regarda avec les yeux de celui qui a devant lui le coupable
d’un petit crime amusant.


- Les gens connaissent mon nom mais
que savent-ils d’autre sur moi ? Si je veux révéler sui je suis, autant
partir du début, expliqua-t-il comme s’il avait lu dans mes pensées. Au fait,
apprends à éviter d’ « écrire » tout ce que ton esprit te
souffle sinon, tout le monde sera au courant de tes intentions et risque de
trouver ça louche.


Je le dévisageai, étonnée. Je me mis
alors à examiner chacun de ses traits. Il avait un visage très bien dessiné,
aux contours parfaits, comme sur un de ses dessins, et des yeux d’un vert
envoûtant. Très bel homme. Car je ne pouvais pas dire que c’était un garçon. Il
avait la physionomie d’un jeune homme de dix-sept ans.


- On a technologie maintenant, dit-il.
Ça te dirait de te mettre à côté de moi ?


Je lançai un regard vers Thomas qui
parlait avec sa nouvelle copine et pensai qu’il y avait peu de chances qu’il se
mette à côté de moi, comme à notre habitude.


- Ok, répondis-je en mettant mon sac
sur mon épaule.

Captivant! Rien qu'une chose à dire : la suite!

Ah enfiiiiiiiin! la suiteuh ^^

Je viens de tout lire (c'était long mais ça en valait la peine ^^) J'ailme beaucoup ton histoire, elle est super!

Un mot... ^^
C'est magnifique
...et trois expressions

encooooooooooreuuuh encoreuuuuuuuuuh !!

- Attends, je vais ranger mes
affaires, annonça-t-il.


Je m’approchai de son bureau. Dans
nos classes, les bureaux étaient individuels à part dans le laboratoire où nous
faisions Technologie et Physique. Je regardai les dessins étalés sur son bureau
avec intérêt. Sur une des feuilles, il y avait un gribouillage confus et je
compris alors que ça avait été fait lorsqu’il eut senti mon
« pouvoir ». Nous sortîmes de la classe sans nous dire un mot mais
restant proches devant Thomas qui me vit passer avec un air ahuris.


Deux heures de Technologie nous
attendaient et ça promettait d’être encore plus long que les Mathématiques.
Grégory sortit alors un paquet de feuilles blanches et le mit entre nous. Je
lui souris discrètement. Le professeur se mit à parler et nous nous plongeâmes
dans notre nouveau jeu préféré. Il commença à dessiner un garçon assis à côté
d’une fille regardant froidement le bureau. Son expression était figée. Par
contre, le jeune homme était légèrement souriant et semblait heureux. Je pointai
le doigt vers la fille.


- Qui est-ce ? chuchotai-je dans
son oreille en fixant le dessin attentivement. Elle était rousse, les cheveux
bouclés, les yeux marron vert. Grégory me prit alors une mèche de cheveux et me
la montra. Je la regardai avec stupéfaction. Sur la feuille, on put lire :
C’est moi, ça ? Il sourit et les
yeux de la fille du dessin furent « gommés » pour être redessinés
grands ouverts, certainement sous l’effet de la surprise.


Je me retournai et jetai, sans but
particulier, un coup d’œil vers Thomas et Suzie. Il la regarda alors hâtivement
et je le fixai étonnée.


Il me regardait ? Pourquoi ?


Ces mots s’écrivirent sur la feuille
devant Grégory. Il me tapota l’épaule en me murmurant que le prof remarquait
mon inattention au cours. Je me retournai face à mon bureau et y posai mes
coudes en soupirant. Les lettres fusaient sur le papier.


S’il tient encore à moi, pourquoi il est comme ça avec moi ?
Pourquoi il reste avec cette traînée ? Il aurait pu me demander de se
mettre à côté de moi pendant ce cours ! J’aurais accepté !! Pourquoi
il refuse de me faire confiance ? Pourquoi il pose tant de question à
propos de mon … problème et …


Grégory se leva en tapant violemment
sur la table. La classe entière se retourna vers lui et je virai au rouge. Le professeur
de Technologie leva la tête de son livre et lança un regard interrogateur à mon
voisin.


- Un problème, Monsieur
Monteliny ? demanda-t-il narquoisement.


- Mon amie Lucie a besoin de cachets
contre la migraine …


L’assemblée d’élèves se mit à rire d’un
air moqueur. Ça ne faisait pas de doute : il riait de la façon de parler
de Grégory. Le professeur mit fin aux éclats de rires en lançant un regard noir
aux élèves les plus bruyants.


- Vous pouvez y aller, Ducamp,
annonça le professeur, une fois le silence installé. Monteliny, accompagnez la.


Nous sortîmes du laboratoire et
Grégory m’attrapa par le bras avec une violence soudaine et insoupçonnée. Il me
retourna vers lui et planta ses yeux verts dans les miens.


- Lucie, siffla-t-il bizarrement, il
faut absolument que tu arrêtes de laisser cours à ton « pouvoir » de
cette façon !


Un blanc régna dans la cour déserte.
Je le regardai, le cœur serré. A la fois par la tristesse, à la fois par le
bonheur. Tristesse de le voir me parler de cette façon ; bonheur de
m’apercevoir que quelqu’un se soucie de moi. Il sentit en moi ces sentiments
confus et soupira, las :


- Lucie, c’est très important. Tu ne
dois pas laisser déborder tes émotions à l’écrit. Je sais que c’est ta façon de
survivre à ça mais tu devrais plutôt aller le voir et lui parler et …


- Non, Grégory. Je ne suis pas …
capable d’aller me planter devant lui et lui déballer tout ce que j’ai sur le
cœur. Je ne fais pas partie des gens bavard qui font de longues phrases pleines
de sous-entendus Je ne suis pas comme ça …


Il posa sa main sur mon épaule alors
que des larmes naissaient au coin de mes yeux. Il les essuya délicatement en me
souriant gentiment puis arrangea ma bretelle de soutien-gorge. Je ne relevai
pas le geste qui aurait été déplacé à mes yeux en tant normal. Je profitai de
l’unique moment où on faisait attention à moi et ne comptait pas le détruire
ainsi.


- Je sais ce que c’est, dit-il. Moi,
je suis un petit peu plus bavard que toi mais j’ai appris à l’être. Arrête
donc de pleurer et va le voir. Il comprendra. Il a tenté de comprendre ;
tu l’as renvoyé sur les roses. C’est normal qu’il soit vexé.


Je tombai à genoux, éclatai en
sanglots et des milliers de mots couvrirent les murs qui entouraient la cour.
Il s’accroupit face à moi et me secoua brusquement.


- Arrête, Lucie ! s’écria-t-il.


J’attrapai son avant-bras fortement et y enfonça mes ongles. Il étouffa un cri de douleur tandis que je lui lançais
un regard noir et meurtrier.


- De quoi tu te mêles ?! Tu as une idée derrière la tête ou quoi pour te montrer aussi collant et
attentif ?


Il soupira tristement en me faisant lâcher prise.


- Quand tu écris autant, mon cœur ralentit jusqu’à s’arrêter de battre. Ça te va comme motivation ?
cracha-t-il méchamment.


- C’était donc intéressé … Pas étonnant.


Je me levai et il tenta d’attraper mon bras. Je le repoussai en lui jetant un regard noir. Je me dirigeai vers le
laboratoire et ouvris la porte. J’entrai, suivi de Grégory qui me dévisageait,
inquiet. Nous nous assîmes à notre bureau alors que Thomas nous regardait avec
des yeux interrogateurs.

Nous passâmes le cours à faire semblant d'écouter le professeur.

rooh, c'est dommage la fin "le cours" et "le cours"...je propose
"Nous passâmes le cours à faire semblant d'écouter le prof" ou un truc du genre

A vi ^^