It makes me think...

Puisqu'Yllo m'y a fait pensé, tout à l'heure...
je vous présente ma participation au concours Etonnants Voyageurs, dunno if you connaissez ^o^
On a un incipit, un début de nouvelle, et on doit écrire une suite...

[incipit]Elle n’a rien gardé de sa vie d’avant. Rien sauf la chute.
Le frein ne répond plus. Elle pense : le câble est cassé, c’est bête. Le vélo prend de la vitesse.
Elle lance les deux jambes devant elle, pour se protéger peut-être. Le choc arrive sans qu’elle le voie venir. Le ciel tournoie au-dessus d’elle. C’est fini.
Quand elle se réveille, elle est dans le lit blanc. Elle bouge les jambes, les bras. Elle est intacte. Mais elle ne se souvient plus. Un homme entre dans sa chambre. Il s’appelle Jonas.
C’est Jonas qui la met debout. Jonas qui lui tend ses couverts et les guide vers l’assiette. Jonas qui fait couler l’eau de la douche et lui indique les serviettes de toilette en coton. Avec lui, elle retrouve les gestes. Les mots. Mais pas les images. Jonas prétend qu’elle est née le jour où elle s’est réveillée. Il lui donne un nom. Elle s’appelle Véra. Jonas l’emmène avec lui dans la ville.
Tous les jours, elle s’assied dans sa voiture.
Regarde autour de toi, lui dit Jonas en démarrant. Essaie de te rappeler.
Elle regarde, tout l’étonne, elle ne se souvient de rien. Jonas la conduit depuis un mois. En vain. Et puis elle le voit. Le garçon qui promène un chien. Sans qu’elle s’y attende, les larmes lui viennent aux yeux.[incipit]
Vilaines larmes qu'elle chasse d'un revers de main moite et tremblant. Pourquoi faut-il que...?
Elle perd la pensée, perd la question. Bientôt, le garçon tourne à l'angle de la rue. Brun, et, semble t-il, il a les yeux noisette, clairs. Peut-être marron-gris. Or-argent? Difficile d'en être sûr. D'ailleurs, il a fini. On ne voit plus qu'un morceau de basket qui se décolle du trottoir. Et un mur. Briques ornementées des couleurs passée des taches de saletés et des taches d'eau.
C'est fini; depuis déjà dix secondes, Véra reste là, les bras ballants. Véra? Cela ne lui dit rien. Jonas non plus. Rien ne lui a en fait jamais dit rien. Le garçon aux yeux brillants, son chien -Jonas en train de lui expliquer qu'il s'agit d'un teckel-, ils ont disparu. Sans la regarder? Pourquoi alors a t-elle sentit dans ses yeux, oh, yeux humides, brillants aussi, mais de larmes, comme quelque chose...
A faire se détourner le regard? Non. De l'étonnement, mais ce n'était pas le sien. Celui du garçon? Fort peu probable que ç'eut été celui du teckel. Donc, la surprise du garçon. Surprise ébetée et perplexe.Avec peut-être un peu de joie au bout de l'iris. Joie rabrouée. Il n'a rien fait. Il a tourné. Véra essuie machinalement les dernières perles translucides qui s'accrochent à ses cils. Jonas s'enquière de sa santé, "Ca va, Véra?".
De sa santé?
Le soir, Véra efface la buée du petit miroir de la salle de bain de la chambre blanche. Pourquoi y aurait-elle pensé, avant?
Mais son reflet dans les yeux de métal doré lui a fait se rappeller une chose. Une chose, c'est déjà ça. Elle a un reflet, Véra. Et...
...quel...
...reflet.
Une fille, bien sûr. Elle ne sait quel âge elle se serait donné. Personne ne lui a parlé d'âge. Un visage amaigri par l'hôpital, mais pas excessivement émacié. Un rideau de cheveux, qu'elle connait déjà, faute d'avoir de quoi l'écarter lorsqu'elle marche avec Jonas .Mais...Des yeux or? Elle ne se rappelle pas avoir des yeux or. Ourlé de gris à leur limite. Qui fondent vers le noir de la pupille plutôt que de s'arrêter net. Non, elle ne se rappellait pas. Maintenant, elle sait. Et elle sait qu'une autre personne a des yeux or. Un garçon. Avec un teckel.
Elle parlerait à Jonas.
C'est devenu une manie. Maintenant, elle vérifie. Jonas a les yeus bleus. L'infirmière de sa section, Angela, les a noirs, assortis à ses cheveux et sa peau, d'ailleurs.
Jonas n'a rien dit. Il a pincé les lèvres et s'est tenu coi. Et, le lendemain, Véra est restée dans sa chambre à dessiner. Agréablement surprise, d'ailleurs, par la facilité avec laquelle elle avait esquissé le visage du garçon de mémoire. Puis le sien. Les deux se ressemblent plus ou moins. Véra est plus maigre, lui a plus de joue et des cheveux courts, en bataille. Ce soir, elle bloquerait Jonas. Elle ne comprend pas. Mais il allait devoir lui répondre, cette fois.
Véra sait tout. Véra veut-elle le dire, à présent?
Véra s'est cognée à vélo. Durement. Ca, elle le sait depuis le premier jour. Depuis la naissance, ou "renaissance". Véra s'est cognée à vélo. S'est cognée à Jonas. Jonas, aussi appellé, plus familièrement, Papa.
Papa...
Véra était à vélo. Papa était devant. Mais qui, devant Jonas, s'est tenu une fraction de secondes?
Parlons d'une Gabrielle. Plus communément nommée maman.
Le vélo, redevenu sauvage, a tué Gabrielle.
Véra n'a tué personne. Le vélo allait trop vite, le vélo refusait de s'arrêter. Mesquine bicyclette. Maman est morte.
Véra est née.
Et lui, qui l'a vue, Véra, qui l'a accusée, à présent elle le sait, qui est-il?
Demain, Véra le demandera à Jonas. Ce soir, Véra est fatiguée. Très fatiguée. Trop fatiguée. Véra s'endort.

y a un truc que j'ai pas trop compris: Jonas c'est son père ? ôÔ
et c'est jonas qui l'a acuusée d'avoir tué sa mère? ce passage est un peu flou pour mes neurones limités ^^" a moins que la suite me fasse tout comprendre

en attendant, c'est encore une démonstration du magistral style de Zyl. Moi j'ai fait le deuxième incipit, mais si j'ai le temps je ferais le premier aussi (y a deux ans, j'avais écrit deux nouvelles également)

Vé, c'est son père.
Naaaan, pas de suite!
Mais je réécrirait sans nuls doutes la fin!