Quand la ville est hostile on use de ce qu'on peut pour etre bien accueullie....Disons que les lueurs de ces phares prêts a me faucher les jambes ne sont que des étoiles filantes qui se défilent sous mes regards...Ces rues désertes ne sont que des chemins de forêts solitaires... Mais la gêne est installée, elle persiste, s'accroche a chacun de mes pas sur le goudron. Tap, tap, tap.
Je distingue des regards méprisants dans les figures floues que je croise sur ma route...Pourquoi ? Qu'est ce que j'ai fait ? Je ne suis d'aucun clan. Je suis des deux a la fois. Est ce que c'est parce qu'il ne peuvent me cracher un "Sale gothique" a la figure qu'ils me regardent de haut ? Je ne suis pas gothique: je ne suis pas en noir. Je ne suis pas rappeuse: je ne suis pas en blanc. Je ne suis ni en rose, ni en bleu, je ne suis d'aucun clan. Je me sens seule dans cette ville quand je suis différente.
Je traine sur le trottoir mes baskets délacées, toisée méprisamment par les cigognes haut perchées...Des fois j'aimerais leur ressembler.A la descente du train, accrochés a leur portable, tous pressés, ils ont quand meme le temps de me scruter méchamment.C'est ma faute, peut etre ? La grosse, là, je la regarde comme ça a cause de son manteau horrible ? non ! L'autre idiot, je le regarde comme ça a cause de ses chaussures moches ? non !
C'est quoi, mon tort ? c'est de porter une jupe marron, des longues chaussettes a rayures et une doudoune beige ?! mais foutez moi la paix, un peu ! Mon tort c'est de ne pas m'habiller en RG512, F.B.I., EmilytheStrange ou l'Indien ? regardez un peu plus loin que ce que vous portez !
Halluçinant. Ils me regardent tous comme ça parce qu'ils ne peuvent me traiter d'aucun nom. Les skateurs ne peuvent pas me traiter de rappeuse. Les gothiques ne peuvent pas me traiter de pute. Voilà, c'est ça qui les dérange. Je les sens bien se retourner quand je les croise, je les sens bien chuchoter entre eux quand je les double. Il n'y a que les couples qui s'en foutent de comment je m'habille. Ils sont trop occupés a se regarder dans les yeux. Des crapauds morts d'amour, je vous dis !
Encore un retour en solitaire. Je n'ai croisé personne une fois de plus. Personne avec qui parler pendant le chemin. C'est aussi pour ça qu'ils me scrutent dédaigneusement. Je suis seule. Pas de mec a qui tenir la main, pas de copine avec qui rigoler bêtement, pas de bande avec qui faire
les 400 coups. Je me sens si seule dans cette vie quand je suis différente.