Je me laissais bercer par la foulée douce de mon amie. Je fermais les yeux. La lumière de la pleine lune me fouettait le visage. Je sentais la brise fraîche qui faisait virevolter mes cheveux. Ces cheveux, tant tirés. La douce crinière de ma compagnone me chatouillait les bras. Ma compagnone, c'était une jument du nom de Lumière. Je m'étais enfuie il y avait quelque minute. Enfuie, façon de parler. Je voulais juste me promener. Me promener pour oublier les atroces moments passés ce jour là. Avec Lumière, ma meilleure amie. Lumière, qui ne disait rien, mais qui parlait avec ses yeux. Ses yeux sombres, mais avec une étincelle. Une étincelle de compréhension, de courage, d'espoir. Oui, d'espoir. J'étais entrée dans l'écurie en pleurant. J'étais sautée sur Lumière, et j'avais déguerpis. Pas de mot, pas de coup de fil. Je n'avais rien dit à personne. Car, à part Lumière, qui comprendrait? Personne, évidemment. De toute manière, je n'avais pas la force d'écrire ou de composer un numéro de téléphone. J'avais guidé Lumière dans la forêt, je ne me rappelle plus trop où. Je n'avais pas pris le temps de vérifier. Et puis, peu importait où aller. Je voulais juste partir. J'atterit dans un champ, et, poussée par l'envie de fuir, je talonna ma monture qui partit au galop. Elle galopait, galopait, sans s'arrêter. Je n'avais pas pris le temps de la seller. Je m'accrochais fermement à la bride en essayant de rester droite. Lumière entra dans un sentier. Elle galopait vite sans se fatiguer. Les souvenirs défilaient dans ma mémoire. Le rire de mes frères, les sourcils froncés de mon p``ere, et le doux visage de ma mère. Il y avait si longtemps....Malheureusement, ce n'était pas le cs des sourcils de mon père ou du visage rieur de mes frères. Ces souvenirs là, ils dataient d'aujourd'hui. La même journée que le regard idiot des autres éléves. Ce regard si méchant, ce regard qui m'avait tant blessée. Je ne pensais plus au moment présent. Je laissais aller Lumière, sans penser à la ralentir un peu ou à m'accrocher plus fermement à la crinière. Je n'entendais que les battements de mon coeur, qui battait au rithme du galop de mon amie. Tigalop. Trois temps. Trois larmes. Trois larmes qui coulaient sur mes joues. Trois larmes qui tombèrent par terre, en même temps que le sabot de Lumière. La crinière glissa entre mes mains, ainsi que la bride. Ma pauvre amie avait glissé. Elle poussa un henissement de douleur. Je ne voyais plus la forêt, la lune et le ciel. Je ne voyais que des images qui défilaient devant moi. Mon père, ma mère, mes frères. Et Lumière. Lumière, qui s'était cabrée. Pendant un instant, une partie de moi regretta de ne pas avoir mis de selle. Mes pieds glissèrent comme des patins sur la glace. J'étais accrochée sur le côté droit de mon amie qui, affolée, rua. Je fut donc projetée je ne sais où. Je vit encore le regard affolé de ma meilleure amie, et puis rien.