Le visage écarlate et les mains brûlées
La fileuse de soie toute courbée
Sur la grande bassine d'eau bouillante:
Même la nuit cette vision la hante !
Les jours -qui dure douze longues heures-
Se ressemblent ! On file pour le bonheur
De ceux qui sans vergogne nous exploitent !
C'est par peur d'être frappé qu'on se hate !
Produire de la soie que l'on ne verra
Portée par des gens plus riches que soi,
Pour un salaire digne d'un mendiant,
C'est le sort d'une fileuse d'onze ans !
Il règne dans l'atelier une odeur
Semblable à celle de la Mort. -J'ai peur !-
Il faut filer, toujours, sans ralentir !
Sans salaire on ne pourrait s'en sortir !
Esclaves, nous ne sommes rien de plus !
Nous travaillons en compagnie des puces,
Assises dans la fange, nous produisons,
Nous ne sommes bonnes qu'à ça; filons !
Ce somptueux tissus naît de nos mains
Rougies, enflées. On file dès le matin,
Pour ne s'arrêter que de temps en temps,
On récite la prière, on reprend.
Et cette puanteur ! Elle est immonde !
La décomposition nauséabonde,
Des cocons éventrés, des vers vivants
Qu'on fouille pour trouver un fil plus blanc...
Crin de Florence soit maudit ! Sans toi
Nous vivrions bien mieux, pas comme ça,
Obligées de faire un travail ignoble,
Afin de bien parer les femmes nobles !
Tout mon brevet blanc de français (texte, questions, rédaction, dictée...) parlait des fileuses de soie, notamment du "crin de florence", un fil plus fin et plus résistant. forcément, ça inspire lol